Je sais. Je vous ai manqué.
Mais que voulez vous (je vous vouvoie, ça marque une distance. On n’a pas gardé les moutons ensemble, que je sache, et puis bon, je vous ai abandonné alors forcément vous m’en voulez. Du coup je prends les devants, j’anticipe la fâcherie. Un peu comme à 12 ans, quand tu racontes des bobards à tes parents, tu sais qu’ils vont s’en apercevoir, alors tu lèves deux trois yeux au ciel histoire de te sentir persécutée par ces parents trop nuls. C’est du double vécu, je sais de quoi je cause…)
Que voulez vous, disais je avant d’être grossièrement interrompue. Mon Moi vit un désordre intense, cataclysmique, abyssal.
D’un côté, y a la névrosée. Tu sais, celle qui se prend pour wonderwoman, qui narcisse sur son blog, qui veut être la mère idéale, la femme parfaite, l’executive girl. Elle se prend pour une battante, mais c’est rien qu’une mauviette. T’imagines bien que quand on est capable de croire qu’on peut être mère parfaite de 3 enfants qui font plein d’activités, femme de médecin anesthésiste hospitalier investi et militant sans temps, cheffe idéale, musicienne amateur, couturière et tricoteuse avec 24h par jour seulement, on est un peu névrosée. Et donc photosensible. Et donc maniaque quand il fait soleil, dépressive quand il se cache.
De l’autre côté, il y a l’intello. Celle qui utilise deux trois mots qui en jettent dans ses mails professionnels, histoire de poser un peu la khâgneuse, ça permet de frimer et faire croire à sa supériorité. Celle qui laisse traîner le Monde Diplomatique, comme si elle le lisait… parce qu’elle n’arrive pas à résilier son abonnement. Celle qui ne regarde jamais la télé, c’est pour les beaufs. Celle qui lève les yeux aux ciel quand la radio cause des nuages et de l’anticyclone des Açores. Pourraient pas nous entretenir du mythe de la dette publique ou de la situation en Syrie, tssss, la météo, c’est pour les prolos du cerveau.
Entre les deux Moi, ça fait du grabuge. Y a incompatibilité chimique.Des ions en trop, inversion du courant électrique (ouais, je sais. J’ai pas retenu grand chose de ma terminale C.) et zou, la décharge qui fait tout sauter. Du coup, j’ai le cerveau muet, j’ai rien d’intéressant à dire, à part « ça caille, hein », et » t’as vu ce que j’ai fait? »
Pour la nouvelle petite sœur du premier bébé à qui j’ai fait un cadeau, mes premières armes de coutureuse…
Robe: patron Margot de Sophie la styliste, taille 3 mois, tissu Rouen tissus.
Bloomer: Anatole de Citronille taille 3 mois rallongé, tissu même provenance.
Gilet: modèle tiré du livre « tricoter pour bébé », Debbie Bliss, taille 3 mois, laine Rowan Milk Cotton Dk coloris tutti frutti, provenance oubliée…
Chaussons: tuto de la Fée Niasse, taille 3 mois, même laine, boutons de la boite.
Petit pochon cadeau…. brodé avec mon nouveau joujou de maniaque, ma dernière boncoinerie bien réussie…
J’espère que ça ne va pas trop cailler, histoire que le bébé puisse en profiter…